Un coup de téléphone du ciel (Sandro Veronesi)

note: 5A lire et à méditer Giulia bibliothécaire - 18 août 2016

Sandro Veronesi, auteur du magnifique roman Chaos calme, nous offre ici un recueil de nouvelles. La première, poignante, raconte le drame d'un fils confronté par deux fois au drame de la maladie de ses parents. Veronesi analyse les sentiments du malade et de celui qui l'assiste. On retrouve des portraits soignés à la manière d'Italo Svevo. Les personnages s'interrogent continuellement, analysent les possibles comportements, les réactions des uns et des autres, ils cherchent des réponses. La réalité est toujours bien présente, avec ses contradictions et ses banalités par rapport au drame vécu par l'homme. « Baci scagliati » (baisers jetés) est le titre en langue original de ce recueil, des fragments de vie à lire et à méditer.

Sortir de la nuit (Mario Calabresi)

note: 5Sortir de l'oubli ! Giulia bibliothécaire - 18 août 2016

Mario Calabresi, le fils du commissaire Luigi Calabresi qui a été tué en 1974 par les Brigades Rouges, raconte le parcours difficile de sa famille et d'autres italiens qui ont été victimes d'actes de terrorisme. Luigi Calabresi était le commissaire chargé d'enquêter sur l'attentat de Piazza Fontana. Lors d'un interrogatoire, Giuseppe Pinelli, désigné comme complice dans les faits de Piazza Fontana, se jeta par la fenêtre. Suicide ? Malaise ? A-t-il été poussé ? La responsabilité était tombée sur Luigi.
Mais, dans ce récit, Mario ne veut pas revenir sur les faits (la mort de Pinelli, fut officiellement imputée à un malaise). Il veut raconter le quotidien de sa famille après que son père a été tué. La difficulté de s'en sortir, mais aussi l'absence et surtout le manque de respect et l' indifférence de l’État face à la douleur des victimes. C'est un récit où il n'y a aucune prise de position , droite ou gauche peu importe quand la douleur et la solitude sont là. C'est riche d'humanité et d'objectivité, sans haine, ni rancune. Un beau documentaire qui nous replonge dans le début des années de plomb, dans l'Italie des années 70.

La tristesse du samouraï (Víctor del Árbol)

note: 5A savourer ! Giulia bibliothécaire - 18 août 2016

Dans ce polar 40 ans d'histoire d' Espagne défilent. Trois générations se succèdent à travers l'après guerre, le Franquisme, jusqu'au coup d’État du 23 février 1981.
Je suis incapable de faire le résumé de ce récit. Dans ce roman tous les personnages ont une histoire qui est liée à celle des autres. Une matasse complexe, difficile à démêler, surtout qu'on navigue entre deux époques. Moi, lectrice, je me suis souvent accrochée à un fil en le tenant bien pour ne pas le perdre, mais, j'avoue, souvent je me suis égarée et j'ai dû revenir en arrière. Malgré cela, je ne me suis pas ennuyée une seule minute, j'ai trouvé ce polar passionnant et j'admire l'adresse de l'auteur pour manœuvrer tous les fils de l'histoire pendant ces 500 pages.
« La tristesse du Samouraïs » est un polar à savourer par petits épisodes comme dans une série télévisée !

Oeuvre non trouvée

note: 5Un très beau récit Giulia bibliothécaire - 14 avril 2016

Prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi écrit ce livre pour exaucer le souhait d'une chère amie: raconter l'histoire des victimes du régime pendant la Révolution Islamique en Iran. Une façon de condamner l'injustice et d'honorer la mémoire de ceux qui se sont battus contre le régime islamique sans oublier leurs familles brisées, détruites et déchirées par la haine politique. Un très beau récit qui est avant tout un témoignage du drame iranien, parce que, comme l'a affirmé le grand sociologue Ali Shariati, (un des théoricien de l'islam parmi les plus importants, mort en Iran dans des circonstances mystérieuses un an avant la révolution islamique),
"si vous ne pouvez éliminer l'injustice, au moins racontez-là à tous".

Canal Mussolini (Antonio Pennacchi)

note: 5Un grand et beau roman ! Giulia bibliothécaire - 7 avril 2016

Socialistes, originaires de la ville de Comacchio dans la Vénétie en Italie, les Peruzzi ont vécu comme métayers pour le conte Zorzi dans un domaine près de Rovigo. Convertis à la politique de Mussolini, ils ont bénéficié longtemps du bonheur qui fournit le travail et la richesse de la terre.
Les dix -sept membres de la famille ont bossé dur, mais jamais au service de Zorzi, ils ont souffert la faim. Et cela jusqu'à l'introduction du quota ( la dévaluation de la lire), voulu par Mussolini. Une mesure qui défavorisa tous les métayers et profita aux propriétaires (" que soit maldite toute la race des Zorzi " !).
Poussés par la pauvreté qui avançait à grands pas, les Peruzzi ont accepté de migrer dans les marais Pontin, au sud de Rome, où des œuvres de bonification avait été commandées par le duce. Ils assistent à la construction du grand canal Mussolini et de grandes villes comme Littoria, la Latina d 'aujourd'hui.
Ce roman est raconté avec la ferveur et la justesse de la voix du peuple qui se dirige là où la survie est garantie. Une grande page d histoire qui va de l’Unité d' Italie à la fin de la deuxième guerre mondiale. Trois générations de la famille Peruzzi sont concernées. C'est l'occasion pour Pennacchi de faire quelques commentaires su l' actualité et de rappeler que finalement ce qui a eu lieu dans le passé n' est pas si absurde, car aujourd'hui nous répétons les mêmes erreurs.
En travaillant dans mon jardin, et souffrante du dos, j'entendais encore trotter dans ma tête la voix du pauvre oncle Dolphin, qui pour survivre a d^u se convertir au métier de paysan (alors qu'il était un excellent cordonnier ! ) :"pourquoi qu 'la terre est si basse? On ne pouvait pas la faire un chouia plus haute ?".
J'ai beaucoup aimé.

Clandestino (Aurel)

note: 5Un témoignage sur l'immigration clandestine Giulia bibliothécaire - 17 mars 2016

Hubert, journaliste, est envoyé en Algérie pour réaliser un reportage sur les migrants dans les monde. A Oran, il fait la connaissance de deux jeunes qui veulent traverser la mer clandestinement. L'un d'entre eux est "harraga". Hubert suit leur chemin et il atterrit en Andalousie à Almeria une des principales entrées en Europe pour les migrants au même titre que Lampedusa en Italie et Patras en Grèce. Il découvre et nous relate la dure réalité : trente mille serres environ, disposées à touche-touche sur trente à quarante mille hectares. C'est une tache blanche au sud de l'Espagne que l'on distingue très nettement sur les photos satellites. Des dizaines de milliers d’immigrés y travaillent afin de fournir en permanence des fruits et des légumes aux consommateurs européens. Une main d'oeuvre au début nationale, ensuite issue principalement de l'immigration « légale » organisée (Maroc, Pologne, Roumanie, etc.) et enfin constitué de Sans-Papiers venant d'Afrique, d'Amérique du Sud ou des pays de l'Est. Almeria combine le taux d’ensoleillement le plus élevé d’Europe avec la main-d’œuvre la plus mal payée.
Une BD reportage très bien construite, un témoignage sur l'immigration clandestine.

Ardalén (Miguel-Angel Prado)

note: 4Beau Giulia bibliothécaire - 17 mars 2016

Sabela est à la recherche de son grand père. Elle se rend dans un petit village de Galice d'où plusieurs personnes sont parties pour l'Amérique du sud et pourraient avoir rencontré son aïeul. Elle fait la connaissance de Fidèle, un vieux qui vit a l'écart du village et qui semble avoir des informations qui intéressent la jeune femme. En réalité, Fidèle s'avère avoir perdu la tête ou mieux avoir la tête encombrée de souvenirs qui appartiennent à d'autres personnes et qui ont été emporté par l'Ardalen, le vent des mémoires.
Que dire de cette BD ? Au début, j'en ai rien aimé, ni les dessins, ni l'écriture, ni l'histoire. Et puis je me suis laissée emporter par la poésie et la douceur de certains personnages. J'ai aimé partager les beaux souvenirs de Fidèle. Finalement, je me suis retrouvée au milieu des poissons volants complètement plongée dans l'histoire emportée par l'Arvalen, moi aussi ! Un moment de pause bien agréable.

Une vérité qui dérange (Al Gore)

note: 5Dérangeant Giulia bibliothécaire - 2 mars 2016

Si nous ne faisons rien, dans un demi siècle la terre sera transformée. Il fera chaud, il y aura un déficit d'eau potable. Les inondations seront fréquentes, des villes disparaîtront (notamment Amsterdam), des lacs seront réabsorbés (le Tchad), des espèces menacées (plus d'ours polaires)... et la liste noire de catastrophes pourrait s'allonger! On le sait, on nous le répète. Certains sont vraiment inquiets, d'autres pensent que les évènements de ces dernières années sont dûs aux caprices de la météo, de quoi ne pas s'inquiéter.
Dans ce livre, destiné aux jeunes lecteurs, Al Gore raconte simplement mais avec précision les raisons pour lesquelles nous en sommes arrivés là. Qu'est ce qu'il y avait avant? Comment notre terre a changé ? Des tableaux, des photos déconcertantes, des schémas nous décrivent une réalité inquiétante et un futur vraiment NOIR.
Malgré tout, au dernier chapitre, l'auteur nous explique qu'il est encore possible de réagir, des solutions à la portée de tous sont proposées pour préserver l'humanité. D'ailleurs, savez-vous qu'en chinois le mot "crise" se compose de deux caractères? Le premier signifie "danger" et le deuxième "possibilité". Alors, vite mettons nous au travail!

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